Le 10 décembre, en plein centre de
Beyrouth, ils sont plus d’un million- près du tiers de la population
libanaise - à exiger le départ du Premier
ministre Fouad Siniora et et à suivre religieusement
le discours de Hassan Nasrallah
retransmis sur grand écran. « Ni la faim,
ni le froid, ni la pluie ne nous ferons reculer.
Ceux qui ont résisté pendant 33 jours
aux missiles israéliens ne baisseront pas les
bras dans cette épreuve » et ne cèderont
pas avant d’avoir obtenu un gouvernement
d’union nationale. Après trois semaines
de siège du Sérail [1], de paralysie quasitotale
des institutions et de l’économie libanaise,
de mobilisation d’une rue frémissante
convaincue d’oeuvrer à la chute méritée
du gouvernement traître Siniora-Feltman (du
nom de l’ambassadeur des Etats-Unis à
Beyrouth), la popularité du Hezbollah est
à son apogée. Auréolé de sa « victoire »,
fort du soutien d’une communauté chiite
majoritaire mais politiquement sous représentée
et qui souffre plus que d’autres des
difficultés économiques et sociales, soutenu
aussi par une partie du camp chrétien,
le Parti de Dieu cristallise tous les mécontentements
et semble ne guère devoir rencontrer
d’obstacle sur sa route.
Pourtant, quelques jours plus tard, une partie
du voile se déchire. Toute cette agitation,
apprend-on aujourd’hui, aurait, pour
principale raison d’être le tribunal international.
Il ne s’agit pas d’une extrapolation
policière ou surinterprétative. Le
« guide » du Hezbollah en personne, Hassan
Nasrallah, vient de l’admettre crument,
au détour d’un entretien accordé à
la revue égyptienne Al-Arabi à la mi-décembre.
Le sayyed ne dit probablement pas toute
la vérité mais voilà un « aveu » qui jette
une lumière quelque peu nouvelle sur le
programme à géométrie variable de l’opposition
libanaise.
Faut-il comprendre que toutes les exigences
et menaces portées par la protestation
populaire géante (cabinet d’union
nationale, octroi d’un tiers de blocage,
spectre d’élections anticipées ou constitution
d’un gouvernement fantôme bis)
n’auraient pour seule finalité, instrumentale,
que d’enterrer cette juridiction internationale
? C’est ce que clame,
en tous cas, la majorité gouvernementale
depuis le début de la crise. L’objectif
étant, selon elle, de protéger le pouvoir
syrien du verdict probable des juges.
L’argument est plausible mais un peu
court. Car rien n’est linéaire ou exclusif
au Liban. Un « aveu » peut servir au
contraire à cacher une réalité, à la déplacer,
ou à la travestir dans un emboîtement
complexe.
De l’Etat-tampon à la nouvelle guerre des axes
La très grande difficulté de progresser vers
une solution de la « question libanaise » - en particulier depuis son internationalisation
suite à l’adoption de la résolution
1559 (octobre 2004) tient au fait
qu’elle mêle intimement trois niveaux
en superposant conflits internes, conflits
régionaux et interventions mondiales.
Non seulement toutes les grandes communautés
politico-confessionnelles sont
parties prenantes à la crise, mais aussi tous
les Etats de la région et par-dessus le
marché, la France et les Etats-Unis. Cela
fait beaucoup de monde. Dans la constellation
libanaise, cette multiplicité d’interractions
externes, de luttes d’influence
et d’intérêts contradictoires en jeux, est
propice à toutes les clientélisations et
instrumentalisations, aux surenchères
idéologiques mais aussi aux « expérimentations » les plus diverses. Ce n’est
pas vraiment nouveau. Toutes les communautés
libanaises ont toujours cherché
appuis et protections à l’étranger. Le
Liban demeure l’Etat-tampon de la géopolitique
internationale, tel que décrit par
l’économiste et analyste Georges Corm,
par faiblesse et divisions. Il a payé tout au
long de sa courte histoire un très lourd
tribut à ce drôle de statut. L’Etat-tampon,
on le sait, a au moins deux « vertus » : il
sert de boîte aux lettres aux pays limitrophes
pour s’envoyer des messages plus
ou moins sanglants et permet aux puissances
régionales et internationales de ne
pas s’affronter directement tout en protégeant
et en avançant leurs intérêts. Mais
lorsque ces axes veulent en découdre pour
de bon, l’Etat-tampon sombre, forcément,
dans la guerre. Aussi faut-il s’inquiéter,
prévient le politologue Bertrand Badie
de « la simplification qu’on nous impose en
construisant une bipolarité opposant "prosyriens"
à "antisyriens". Il s’agit là, encore
une fois, d’une confusion de niveaux (...)
qui conduira à un blocage, sinon à un
affrontement ».
Inversement, dépeindre le Liban comme
une simple caisse de résonnance, voire
un terrain de greffe des conflits externes,
c’est faire bien peu de cas de sa complexité
interne et de sa difficulté à surmonter
ses contradictions pour se constituer
en nation et inventer, en pratique, un
« vivre ensemble ».
Un agenda étranger
La question n’en demeure pas moins brûlante,
sans réponse décisive : que craint
exactement le Hezbollah dans la tenue
d’un tribunal international alors que personne
ne le soupçonne d’une quelconque
implication, même indirecte, dans l’assassinat
de Rafic Hariri et dans les seize attentats-semble-t-il liés- qui ont endeuillé le
Liban depuis le 1er octobre 2004 ? Pourquoi
s’obstiner à protéger le Présidentmarionnette
Emile Lahoud, symbole
suprême du « système sécuritaire syrolibanais
» ou, encore, les « services », de
type mafieux, honnis par la population et
très probablement mouillés ? Pourquoi
ne pas se saisir de sa nouvelle aura régionale
pour redéfinir des règles d’alliance
plus équitables avec la Syrie ?
Mais la logique du Hezbollah n’est pas pour
le moment de démontrer, sur ce dossier
tout au moins, sa volonté d’intégration
politique. Seule l’exploitation politique
à laquelle pourrait se prêter un tel tribunal
à la lumière des nouveaux enjeux
régionaux, l’obnubile. Sa solidarité avec
la Syrie est stratégique mais aussi pragmatique
: le territoire syrien est le passage
obligé de la fourniture d’armes, principalement
iraniennes et la liberté quasi
totale de manoeuvres au sud-Liban n’a
pas de prix. Mais plus que tout, c’est d’être
désigné comme une cible à abattre par
les Américains qui inquiète le mouvement.
« Les appréhensions du Hezbollah ne
peuvent se comprendre qu’à la lumière de
la guerre des axes que se livrent par procuration
la Syrie et l’Iran d’une part, les
Etats-Unis d’autre part, au Liban »,
explique une source proche du parti, citée
par L’Orient-le Jour du 23 décembre.
« N’ayant pas réussi à dégarnir la scène
libanaise du Hezbollah et de ses armes,
d’abord à l’aide de la 1559, ensuite par
le biais de la guerre israélienne de juillet,
les Américains cherchent à jouer leur
derniere carte, qui est le tribunal ».
Il faut le dire haut et fort : même voté par
le Conseil de sécurité grâce au soutien
de la France et des Etats-Unis, la création
du tribunal demeure avant tout une
question politique libanaise, et ne peut se
laisser interpréter comme simple instrument
au service de puissances étrangères.
Les dizaines d’attentats sanglants qui ont
décapité une partie de la classe politique
libanaise depuis trente ans, privant le pays
de certains de ses membres les plus talentueux,
est une gangrène mortelle où prolifère
une culture de l’impunité et du crime
rendant toute reconstruction, véritable,
vaine. Faire table rase du passé par la fuite
en avant ou à coups d’amnésie ou de
mesures d’amnistie ne règlera rien. Au
Liban, comme ailleurs. Les perspectives
de refondation d’un Etat libanais indépendant
et crédible, rendu possible par le
départ des troupes syriennes, est bel et
bien en jeu. Voilà sans doute le fond du
problème. Car malgré les déclarations
péremptoires de toutes les factions libanaises sur leur soutien à un Etat fort,
personne ne veut d’une puissance publique
qui transcenderait les particularimes sectaires
et communautaires. Et pour cause
: toute la classe politique et le système
se nourrit de la faiblesse quasi congénitale
de l’Etat.
Sous le slogan très trompeur de « l’unité
nationale », on assiste, en fait, depuis des
semaines, à une déconstruction de l’espace
public au profit de mini-espaces clos.
Mais recomposés.
Syrie : logique du bunker ou amorce d’ouverture ?
Dans ce bras de fer que se livre la majorité
et l’opposition depuis la démission
des cinq ministres chiites, le 11 novembre,
la Syrie n’est pas en reste. Elle n’a jamais
renoncé à ses vieilles ambitions de
reprendre pied au Liban. Pour Damas, le
chaos libanais est une chance, et le Hezbollah
une carte pour faire pression sur
Israël. Il n’est pas exclu, cependant, que
Damas saisisse, le moment venu, l’occasion
de sortir de son isolement. Dans le
rapport Baker-Hamilton pressant l’Administration
Bush d’opter pour le dialogue
avec la Syrie afin de calmer le jeu en
Irak, comme dans les appels européens
l’invitant à jouer un rôle constructif, elle
est probablement portée à voir des signes
de faiblesse, et la perspective de quelque
fructueux marchandage.
Troquer la coopération avec les Etats-
Unis pour une stabilité (illusoire) en Irak
contre la déstabilisation du Liban, elle ne
demande que ça. L’histoire montre qu’elle
a une certaine habilité à ce genre d’exercices.
Le Hezbollah ne peut pas ne prendre
en considération une telle éventualité.
Ce qui exliquerait bien des choses dans
la stratégie actuelle.
Le projet de mise en place sous l’égide
de l’ONU d’un tribunal international
pour juger les assassins de Rafic Hariri,
qui ne peut se faire sans l’accord de Beyrouth,
frappe donc de plein fouet une
dictature aux abois,
On connaît la position de la Syrie sur le
sujet. Elle n’a jamais cessé de marquer
son hostilité à une telle cour, criant à la
« politisation » de l’enquête. Débarrassé
du magistrat allemand Detlev Mehlis qui
l’avait pointée du doigt, à court d’arguments
face à la démarche discrète de son
successeur Brammertz, Damas a néanmoins
marqué des points sur trois tableaux.
Il a réussi à faire de ce dossier d’abord
une pomme de discorde libanaise. Il en
a fait ensuite « un grave dilemme pour
les Etats modérés arabes, visiblement
déchirés entre leur aversion pour le
régime bassiste et la peur panique d’un
vide syrien qui serait promptement comblé
par les intégrismes » [2]. Au plan international
enfin, la Syrie vient de s’assurer
d’une bonne dose de compréhension
de la part de la Russie, son principal fournisseur
d’armes. Soucieux de prendre
pied au Proche-Orient au moment où
l’influence américaine est battue en
brèche, le Kremlin est naturellement en
quête de protégés. Ce qui explique sans
doute cette reconnaissance, purement
opportuniste, du « rôle important de la
Syrie au Proche-Orient ».
Que cherche le Hezbollah ?
Quel que soit le rôle du tribunal dans le
climat actuel de polarisation extrême, il
ne peut expliquer à lui seul le durcissement
de ton du Hezbollah, son changement
de stratégie et la recherche de l’escalade- en rupture avec son pragmatisme
habituel. En fait, paradoxalement, l’invasion
israélienne a à la fois changé la
donne au profit du Hezbollah et l’a placé
le dos au mur. Le parti de Dieu a besoin
impérativement de transformer ce qu’il
présente comme « une victoire divine » - sa résistance militaire « héroïque »
contre la machine de guerre israélienne-
en succès politique. Certes, Hassan Nasrallah
a gagné les coeurs de la rue arabe
et de la oumma (la communauté de tous
les musulmans) et la fascination de
l’extrême-gauche européenne à la
recherche d’un nouvelle figure guévariste
anti-impérialiste ou d’un Chavez
proche-oriental. Mais, au-delà des discours
idéologiques mobilisateurs et triomphants
du sayyed, la partie n’est pas gagnée. Le
chercheur libanais Joseph Alagha [3], spécialiste
du mouvement, n’hésite pas à
dire, malgré les apparences, que le « Hezbollah
joue aujourd’hui sa survie ». En
perdant son sanctuaire du sud-Liban et
sa totale liberté de manoeuvre à l’occasion
du déploiement de quinze mille soldats
libanais et des troupes d’une FINUL
renforcée, présents pour la première sur
« son terrain », il a perdu en quelque sorte
sa « raison d’être » : le combat contre
Israël. Il lui faut donc impérativement
transformer sa résistance militaire en
victoire politique, en investissant dans
la politique intérieure libanaise. Même
analyse de Joseph Maïla qui estime que
« le Hezbollah est entré dans une logique
de capitalisation politique de la victoire
remportée sur Israël. Il cherche à en
maximiser les profits à l’intérieur du
système politique libanais ».
Mais obtenir du pouvoir passe par des
alliances politiques. En l’occurence, celle
très hétérodoxe et sans doute très circirconstantielle
comme celle conclue avec
le général Michel Aoun, autrefois champion
souverainiste de la guerre contre la
Syrie et grand protégé de l’Occident, qui
lorgne depuis toujours vers la présidence,
son seul objectif. Caution chrétienne du
Hezbollah, le dirigeant maronite du Courant
patriotique libre (CPL) présente aussi
l’inestimable avantage pour l’opposition
d’affirmer que le clivage est politique et
non confessionnel et que la protestation
« populaire » de la rue transcende les particularismes.
Rappelons simplement
qu’au Liban, les alliances et les coalitions
se font et se défont au gré des intérêts
sectaires et, sont une des marques de
fabrique de l’échiquier politique libanais,
et cela « en vertu de la règle qui, au
nom de l’intérêt immédiat, légitime
l’alliance avec tous les « diables » [4]Il ne faut pas sous-estimer non plus le
formidable aspect financier de la crise
actuelle. Derrière l’offensive de l’opposition
de « faire parler la rue » se dessine
la volonté de contrôler les fonds destinés
à la reconstruction. Actuellement,
selon l’envoyé spécial de Libération, le
« Hezbollah fournirait de 500 à 1000 dollars
à quelque 100 000 familles chiites dont
les maisons ont été détruites ou qui ont
perdu des proches ». On comprend que
ses besoins financiers soient considérables.
Les électeurs du Hezbollah ont payé principalement
le prix fort de la guerre totale
livré par Israël cet été. Le mouvement se
doit d’offrir quelque chose à sa base.
« C’est plus facile dans le sud, où la
reconstruction avance relativement bien,
et dans la Bekaa, ses deux fiefs ; moins
facile dans la banlieue sud, où les problèmes
de logistique et de titres de propriété
ralentissent beaucoup la reconstruction
», explique encore Joseph al-Agha.
L’impasse que connaît aujourd’hui le
Liban fait craindre des dérapages incontrôlables
tant la tension et la méfiance
entre les deux camps sont profondes. Le
pays est potentiellement une poudrière :
tout le monde amasse des armes, les
anciennes Phalanges chrétiennes ont
renoué avec leurs camps d’entrainement
de milices, à l’abri dans la montagne,
comme aux jours les plus noirs... L’hostilité
sunnite-chiite n’a jamais été aussi
forte. On annonce que des équipes d’Al
Qaëda ont pénétré récemment au Liban.
Que comptent-ils y faire ? Etre les mercenaires
artisans de nouveaux attentats ?
Le monde de la guerre froide avait ses
règles. Celui, post 11 septembre, favorise
le règne du chaos international. L’impunité
totale de l’Etat d’Israël n’y est pas
pour rien. La communauté internationale
qui a pris le risque innouï d’internationaliser
la crise libanaise ferait bien de
réfléchir à ce qui pourrait contribuer à
calmer le jeu pour éviter absolument
l’« irakisation du Liban ». Sauf à jouer
avec le feu d’une guerre confessionnelle
menaçant l’ensemble du Proche-Orient.
Claire Moucharafieh
L’opinion libanaise et la guerre
Au-delà des positions idéologiques
ou partisanes des
formations politiques, comment
les Libanais ordinaires ontils
perçu l’invasion israélienne de
juillet dernier et comment ont-ils
jugé l’attitude de leur gouvernement ?
Quatre sondages d’opinion
apportent des éléments précieux
de réponses car ils éclairent, aussi,
a posteriori, la crise politique aiguë
que traverse actuellement le pays.
Ces sondages ont été conduits
respectivement par le “Centre de
recherche et d’information de Beyrouth”-
BCRI (24-26 juillet), l’institut
français Ipsos (11-17 août),
l’institut de sondage “Information
internationale” (22-27 août) et le
“Centre d’études stratégiques” de
l’université de Amman - CSS (mioctobre
2006). Malgré des temporalités
difficiles à comparer (pendant
dans la guerre, juste après
ou deux mois plus tard), des intitulés
parfois différents et pour certains
“orientés”, et l’absence - dans
deux cas- d’une répartition selon
l’appartenance confessionnelle,
les résultats sont convergents.
Le premier enseignement
confirme le primat de l’allégeance
communautaire sur les opinions
politiques et la polarisation aiguë
de la société, clivée en deux. Il y
a, en gros, les opinions”chiites”
et celles des autres. Aux premiers,
s’opposent les druzes - et non
plus les chrétiens, historiquement
davantage tournés vers l’occident
et moins viscéralement anti-israéliens.
C’est une nouvelle donne
politique. Ainsi, l’élément déclencheur
de la guerre - l’enlèvement
des soldats israéliens - est-il soutenu
par 70,1% des Libanais, tous
confondus, au début de la guerre.
Ce chiffre grimpe à 96,3% pour les
chiites mais dégringole à 40%
pour les druzes (chrétiens : 54,7%,
sunnites : 73,1%). En octobre 2006,
soit deux mois et demi plus tard,
cette opération n’obtient plus les
faveurs que de 57%des sondés,
mais les chiites la plébiscitent toujours
massivement (94%).
Sur “la victoire du Hezbollah sur
Israël ”, les avis divergent aussi
grandement : 70% des chiites
répondent par l’affirmative ; les
sunnites sont nettement plus sceptiques
avec 36%des réponses ;
quant aux chrétiens, ils ne sont
plus que 19% à le penser...
Il reste - et c’est là un des résultats
significatifs du sondage du
CSS - qu’une très forte majorité
des Libanais (78%) pensent que
“la guerre se serait produite indépendamment
de la capture ou pas
des soldats”. Cet avis est à rapprocher
de la perception d’Israël,
défini “comme ennemi du Liban” :
elle recueille le taux record de 97%
des suffrages -“l’ennemi américain”,
lui, n’obtenant “que” 69%.
Sur la question de l’armement du
Hezbollah le clivage communautaire,
déjà sensible avant la guerre,
s’est exacerbé : 84 % des chiites
pensent que “la résistance” doit
“garder ses armes après le conflit”,
alors que toutes les autres communautés
préconisent l’inverse.
Le désarmement est réclamé par
54% des sunnites, 77% des chrétiens
et 79% des druzes.
Finalement, les seuls points consensuels
sont le déploiements de la
FINUL et celui de l’armée libanaise
au sud-Liban, appuyés respectivement
par plus de 72% et
89%des sondés.
Le second enseignement est le
jugement relativement sévère de
l’opinion porté sur le gouvernement
et sa gestion de la crise. Là
encore les chiites sont en pointe.
Le premier sondage conduit en
pleine guerre (BCRI) montre que
33,5% seulement de Libanais
considérent, alors, que les efforts
politiques et diplomatiques du
gouvernement Siniora sont suffisants.
Mais l’écart entre les communautés
demeure, pendant cette
période, assez équilibré (+10%, -
10 %). Ce taux de satisfaction augmente
un peu, après la conclusion
du cessez-le-feu, tout en
demeurant minoritaire, oscillant
entre 43% et 49 %. En revanche,
les distorsions sectaires s’aggravent
dangereusement après le
conflit : si les “performances” du
Premier ministre sont jugées
“bonnes” par 80% des sunnites
et 82% des druzes, elles ne le sont
plus que par 28% des chiites ! Les
opinions, partagées, des chrétiens
(autour de la moyenne de 49%),
s’expliquent par la coalition Aoun-
Hezbollah et le poids électoral du
général.
Demeure l’impopularité, manifeste,
du chef du gouvernement, Fouad
Siniora : seuls 28% des sondés
considèrent qu’il est le “meilleur
candidat en tant que Premier
ministre”.
Dernière indication, préoccupante
: la grande inquiétude des
Libanais sur l’avenir. A la question
d’Ipsos “Envisagez-vous de
rester au Liban et d’y construire
votre futur”, 48% des sondés
répondent non. C’est pire que pendant
la décennie noire de la guerre
civile.
C.M.
Pour en savoir plus :
www.mideastmonitor.org/issues/060
/0609_6.htm